Bamako : Le directeur régional de la police à cœur ouvert
22 mai 2020‘‘Allo Tango 4, quelle est la situation au niveau du Cicb. Elle est calme, d’accord ! Dans la salle tout va bien !’’ A travers ces mots Siaka Bouran Sidibé, le directeur régional de la police du district de Bamako coordonne la sécurisation des travaux de l’Assemblée Nationale depuis son bureau où il nous a accueillis le lundi 18 mai.
En plus de cela, selon le Contrôleur général de police, sa structure a pour mission principale de coordonner les activités des 17 commissariats de Bamako et environs.
«Nous recevons tous les rapports qui proviennent de ces commissariats de sécurité publique (la police judiciaire, la police administrative)», explique-t-il.
Selon lui, il faut entendre par enquêtes de police les constats d’accidents, les interpellations, la délivrance des documents administratifs (cartes d’identité, certificats de résidence et de perte etc.), y compris les renseignements.
D’après lui, ils coordonnent également les maintiens d’ordre dans le district de Bamako avec toutes les forces (Protection civile, Garde nationale, Gendarmerie). La direction régionale de la police nationale du District de Bamako pilote toutes les manifestations. Elle emploie également les brigades spécialisées, telles que la brigade spéciale d’intervention, la Brigade anti-criminalité.
«Le gros du problème, c’est le suivi quotidien des patrouilles pour sécuriser la capitale. Aussi, dans nos missions, nous appuyons la Compagnie de la circulation routière dans les activités de jalonnement lors des déplacements du chef de l’Etat, les escortes du président de la République.
Nous sommes sur tous les fronts. Nous chapeautons également les enquêtes administratives qui nous parviennent, que ce soit du gouvernorat, que ce soit de la mairie ou de la Direction générale de la police. Nous recevons les dossiers, nous les envoyons dans les commissariats de police et les rapports d’enquête nous sont parvenus et nous les mettons à la disposition de l’autorité qui nous a chargés à le faire», explique Siaka Bouran Sidibé.
A l’en croire, ils ont su mettre en commun les forces. Chez eux, c’est la coordination, donc ils se sont battus pour que les différentes forces soient mises à la disposition de la Direction régionale et qu’elles évoluent ensemble en bonne synergie et cela, depuis lors du sommet Afrique-France. Lors des différentes marches et autres activités, ils ont su canaliser les gens avec professionnalisme, tout en évitant les dérapages. À ce lot, s’ajoutent la prouesse obtenue au niveau de la couverture sécuritaire des différentes élections. De la distribution des cartes d’électeur, le convoyage et la sécurisation des bureaux et matériels de vote.
Des acquis et des défis
«Nous avons pu mettre hors d’état de nuire beaucoup de bandits à Bamako. Nous avons saisi énormément d’armes, toutes catégories confondues. Des braqueurs de banque et autres espaces ont été interpellés pour la quiétude des populations. Nous avons également saisi beaucoup de faux-monnayeurs et d’énormes quantités de drogue. Nous avons pu organiser beaucoup de patrouilles. Ce qui est très important car, il s’agit pas seulement d’interpeller les gens, mais de la présence physique des forces de l’ordre». Malgré cela, il reconnaît que la sécurité n’est pas facile à gérer dans une ville qui s’agrandit de jour en jour. Mais tant bien que mal, ils ont marqué leur présence un peu partout dans le district de Bamako pour apporter la tranquillité au sein des populations.
Les difficultés
«Les effectifs qui sont dans les commissariats, ce sont les mêmes effectifs qui roulent avec beaucoup d’engagement et de détermination. Nous parvenons à couvrir toutes les activités avec professionnalisme. Nous avons les moyens roulant, mais le problème de carburant se pose toujours. L’Etat, à travers le ministère de la Sécurité, et les communes font de leur mieux, mais il reste encore beaucoup à faire. Imaginez toute la journée, on fait ce travail et la nuit aussi, c’est encore compliqué. Vous voyez le problème. Un chauffeur qui passe toute la journée à rouler et que la nuit, il doit conduire les patrouilles, ça pose souvent des problèmes», a expliqué l’officier de police.
À ces difficultés, s’ajoutent l’incompréhension des populations. Beaucoup de gens sont réfractaires à l’application de la loi. Il suffit de dire aux gens ne faites pas ça, certains se sentent comme s’ils étaient diminués alors que ce sont les règles de la société.
«Si chacun respectait la loi, y compris nous les porteurs d’uniforme, je pense qu’il aurait moins de problème. Mais il y a beaucoup qui sont encore réfractaires à l’application de la loi, ce qui pose problème. Et nous qui sommes chargés de le faire, on nous prend comme des ennemis. Nous ne sommes pas des ennemis, nous sommes des partenaires, nous sommes là pour protéger la population. Si chacun était laissé à lui-même, la société allait être la jungle. Cela n’est pas une bonne chose», a-t-il dit.
Même s’il reconnaît que très souvent, il y a des dérapages qu’ils gèrent avec la population, même s’il y en a qui ne comprennent pas. Pour lui, ces difficultés sont en train d’être résolues par le biais de la police de proximité (organisation des activités socioculturelles, artistiques, sportives et même religieuses).
«Nous n’avons aucun intérêt aujourd’hui de nous mettre en conflit avec les populations, avec lesquelles nous travaillons et pour lesquelles d’ailleurs nous travaillons. Les différents commissariats qui sont dans les communes ne sont pas pour la police, ce sont pour les communautés. Imaginez un commissariat d’une commune qui a été construit à la demande même des autorités locales qui se voit un jour brûlé ou pillé. C’est un recul. Il faudrait que les populations comprennent que c’est leur outil de protection. Et la première des choses à sauvegarder, c’est ce joyau là qui est essentiel pour la communauté», a conseille M. Sidibé.
Il demande aux forces de sécurité d’appliquer la loi avec professionnalisme, bienveillance et loyauté.
«Nous travaillons pour les institutions de la République, nous travaillons aussi pour la protection des populations et de leurs biens. Qu’elles comprennent que sans elles, la police n’a pas de résultat», a-t-il laissé entendre.
Moussa Sékou Diaby (Source Le Tjikan)