JUSTICE : Un avocat malien à la barre sur plainte d’une de ses clientes
13 juin 2019C’est suite à la plainte d’une de ses récentes clientes, que Me Kassoum Tapo, avocat inscrit aux barreaux du Mali et de Paris, promoteur du Cabinet THEMIS à Bamako, est appelé à s’expliquer devant le bâtonnier français le vendredi 14 juin. L’homme de la robe est accusé d’avoir illégalement prélevé la somme de 1. 180. 000 Fcfa sur une bagatelle de 10 millions Fcfa que sa cliente venait de percevoir à la suite d’un procès par lui-même remporté.
Il s’agit de l’homonyme de l’autre Me Kassoum Tapo connu de tous. Soit dit en passant !
Les 10 millions de Fcfa en question ont été touchés par le cabinet THEMIS de Me Kassoum Tapo à la date du 24 mars 2019. Cet argent constitue la première tranche d’une bagatelle de plus de 30 millions Fcfa que doit l’ancien footballeur Mahamadou Diarra dit Djila à Mme Koko Fatoumata Guindo, une franco-malienne résidant à l’Hexagones. Ce, à l’issue d’un feuilleton judiciaire remporté par Me Kassoum Tapo.
Le feuilleton judiciaire opposant la dame Koko Fatoumata Guindo au footballeur malien Djila a connu son épilogue le 15 janvier 2019 à la cour d’appel de Bamako. Le procès qui portait sur des faits d’escroquerie (lire intertitre : ‘‘22 millions de FCFA pour une parcelle) a condamné Djilla à deux ans de prison ferme et à payer à la dame Koko Fatoumata Guindo la somme de 20 millions 164 mille 830 Fcfa à titre de remboursement et 10 millions Fcfa à titre de dommage et intérêts. Soit un total de 30 millions 164 mille 830 Fcfa.
C’est sur cette somme de 30 millions 164 mille 830 Fcfa qu’une première tranche de 10 millions Fcfa a été remise au cabinet de Me Tapo le 24 mars dernier. Et l’argent qui devait être transmis en bonne et due forme à la dame Koko Fatoumata Guindo, a connu des manquements.
Un prélèvement illégal de 10%
Sur les 10 millions qui devaient être transmis, il a manqué la somme de 1. 180. 000 Fcfa. Aucune erreur dans le compte. Me Kassoum Tapo reconnait avoir prélevé la somme de 1. 180. 000 Fcfa sur les 10 millions. Il avoue à son ex-cliente que ce montant de 1. 180. 000 Fcfa constitue les 10% que doivent revenir à l’avocat après tout procès gagné. ‘‘Honoraires de recouvrement’’, dit-il. Me Tapo tente de lui faire croire que ce sont les textes qui le prévoient. Les textes ? Dame Koko Fatoumata Guindo renvoie alors Me Tapo à la convention d’honoraires qu’ils avaient signée entre eux deux avant de lancer le processus contre Djila.
La convention d’honoraires établie entre les deux parties (le 31 mars 2016) a été faite sur les bases de la loi française. C’est également sur le sol français que les deux ex-partenaires se sont rencontrés. A l’époque, Me Tapo ne s’était pas encore installé au Mali. Et en plus des honoraires, la cliente a payé les billets d’avion et autres prestations qu’ils appellent ‘‘débours’’ dans leur jargon.
S’agissant du payement des honoraires et ‘‘débours’’, dame Koko Fatoumata Guindo a tenu tous ses engagements. Des factures dont nous taisons les montants. Et le prélèvement des 10% n’étant pas prévu dans la convention signée entre les deux parties, dame Koko Fatoumata Guindo demande tout simplement à ce que Me Tapo rembourse les 10% qu’il a prélevés (1. 180. 000 Fcfa).
Il reconnait les faits…
Selon des conversations privées entre les deux parties, Me Tapo reconnait son erreur, promet de rembourser, mais ne donne aucune garantie à dame Koko Fatoumata Guindo qui reste ferme sur sa décision et promet de mettre fin immédiatement à toute poursuite contre son-ex avocat une fois qu’elle sera en possession de ses sous. Au cas contraire, il va devoir s’expliquer le vendredi 14 juin 2019 devant le bâtonnier français.
Attendu le vendredi 14 juin au bâtonnier français, Me Tapo a pris note depuis son cabinet à Bamako mais, toujours à la lecture des conversations privées entre les deux parties, il n’a pas l’intention de s’y rendre et invite dame Koko Fatoumata Guindo à prendre contact avec son correspondant à Paris.
Me Tapo avait dit à Koko Fatoumata Guindo qu’il va lui envoyer l’adresse de son correspondant à Paris. Chose qu’il n’a pas faite et l’on retient que la convocation de Me Tapo a été à la fois envoyée à lui personnellement par mail et à l’adresse qu’il a laissée à l’annuaire des avocats inscrits au barreau de Paris. Ce, par les soins de Me Jean Batiste llati, nouvel avocat de l’ex-cliente de Me Tapo.
Tout de même l’homme de la robe semble déjà avoir une idée des conclusions de sa convocation du 14 juin devant la justice française : ‘‘Le bâtonnier ne se prononcera et ne tranchera que sur une procédure de contestation d’honoraires et conformément à nos règles déontologiques, il ne dira que ce qui est dû ou pas. Mais il n’a pas légalement le pouvoir de prononcer une condamnation à des dommages-intérêts. Il ne s’agit pas d’une procédure disciplinaire pouvant donner lieu à sanction, a fortiori à une radiation…’’, notifie Me Kassoum Tapo à son ex-cliente, une manière de lui faire savoir que sa démarche devant le bâtonnier français est déjà vouée à l’échec et que c’est à lui que le dernier mot revient. Situation qui renforce davantage le sentiment de trahison que nourrit désormais dame Koko Fatoumata Guindo envers celui qu’elle avait chargé pour défendre sa cause.
‘‘Je me sens trahie…’’
L’affaire du prélèvement illégal des 10% n’est que la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. La confiance entre dame Koko Fatoumata Guindo et son ex-avocat s’était envolée en éclat courant les trois années de collaboration. Ce, pour cause de certaines attitudes de Me Tapo auxquelles son ex-cliente n’a vu qu’une trahison.
Cette déception, dame Koko Fatoumata Guindo n’a pas manqué de le faire savoir à Me Tapo les 14 et 27 mai derniers lors des conversations privées par voir électronique : ‘‘…Et vous m’avez dit avoir notifié le jugement à la famille de Diarra (Mahamadou dit Dijla Ndlr), chose qui n’était pas vraie, l’une des raisons pour laquelle je n’ai pas reçu la grosse de la cour d’appel…Vous avez dit avoir envoyé des gardes chez Diarra quand vous avez appris qu’il était à Bamako, chose qui n’était vraie non plus… ça fait beaucoup de mensonges entre un avocat et sa cliente, je ne vais pas trop entrer dans tous les détails… Je vous retire mon dossier…’’ extrait de conversations privées.
Et pour finalement entrer en possession de la grosse de la cour d’appel, Koko Fatoumata Guindo a été obligée de démarcher d’autres personnes. C’est ce document qui va lui permettre d’avoir le restant de l’argent que lui doit l’ancien footballeur Djila condamné à verser une trentaine de millions de Fcfa pour des faits d’escroquerie. De quoi s’agissait-il ?
22 millions de FCFA pour une parcelle
Les faits remontent à l’année 2013 où la dame Koko Fatoumata Guindo a fait part au footballeur Djila de son désir d’acheter une parcelle à Bamako. Elle lui précise vouloir être prudente pour ne pas être victime des spéculateurs fonciers. Djila dit avoir pris note et un beau jour, il appelle la dame Koko Fatoumata Guindo pour lui dire qu’il a des problèmes financiers et qu’il a une parcelle à échanger contre 22 millions Fcfa. Etant dans le besoin d’une parcelle, dame Koko Fatoumata Guindo accepte la proposition et l’argent est envoyé. C’était toujours courant l’année 2013.
Le temps filait, et dame Koko Fatoumata Guindo n’arrivait toujours pas à entrer en possession de la parcelle à elle promise par Djila. Elle l’interpelle à plusieurs reprises, et sous la pression Djila avoue n’avoir aucune parcelle à sa disposition pour elle et lui propose encore de compléter les 22 millions Fcfa à 80 millions afin qu’il puisse trouver une autre parcelle pour elle à Bamako. C’était flagrant ; Dame Koko Fatoumata Guindo se sentant alors escroquée, porte plainte.
Affaire à suivre !
223infos.net avec ‘‘La sirène’’