AFFAIRE SINSY-TAPILY : La preuve d’une vieille alliance entre la corruption et la culture malienne
7 mai 2019La tonitruante affaire de corruption qui opposait Mamadou Sinsy Coulibaly, Président du Patronat et Nouhuom Tapily, Président de la Cour Suprême, s’est terminée en queue de poisson la semaine dernière. Le processus judiciaire avait pourtant suscité d’immenses espoirs, notamment, au sein d’une armée de mécontents fabriqués, depuis des décennies, par la Justice malienne. L’affaire s’est close suite à l’intervention anachronique du groupement des griots (RECOTRADE), donnant ainsi l’évidente preuve d’une vieille et indéfectible « amitié » ayant toujours existé entre les gardiens de la culture malienne et les voleurs de la République.
Depuis environ un mois, Mamadou S. Coulibaly, devant l’opion nationale et internationale, a fait un déballage sans appel sur l’actuel Président de la Cour Suprême, Nouhoum Tapily, traitant ce dernier de ‘l’homme le plus corrompu du Mali’. Après avoir obtenu le soutien de certains magistrats, l’accusé Tapily a engagé des poursuites judiciaires contre le Président du Patronat qu’il accuse, à son tour, d’« outrage à magistrat ». C’était là, pour d’innombrables concitoyens, l’occasion pour faire aboutir de longues années de lutte engagée par la société civile contre la corruption. L’occasion était ainsi bonne pour des millions de maliens de connaître enfin la vérité sur ces individus que le Patron des patrons a ouvertement traités de plus grands « criminels » de la République. L’événement était inédit !
Mais voilà qu’un processus enclenché par Sinsy se conclura de la plus décevante des manières bien qu’ayant eu le mérite de mobiliser une foule extraordinaire acquise à sa cause. L’opinion publique qui s’attendait à une révolution spectaculaire insufflée au sein de la conscience populaire malienne, a appris avec stupéfaction, le retrait de la plainte du juge Tapily couplé à une réconciliation définitive avec Mamadou Sinsy Coulibaly. Ce folklore fait suite à une médiation conduite par l’association des communicateurs traditionnelles du Mali, communément appelés griots et qui aurait demandé aux deux hommes d’« enterrer la hache de guerre ». Qu’a-t-il donc réellement valu tout ce tintamarre ?
Comment M. Coulibaly a-t-il pu se laisser embarquer dans un navire sans boussole ? Comment a-t-il pu ruiner l’espoir de tous ces maliens en lui spontanément placé ? Le Président du Patronat aura-t-il encore la légitimité de se prononcer sur une quelconque question de corruption au Mali ? D’autre part, quelle réelle légitimité les griots ont-ils pour intervenir ou même trancher une affaire d’une telle envergure ? En vérité, ne seraient-ils pas eux-mêmes à la solde de ces mêmes cadres corrompus ?
Ce geste décevant n’est ni plus, ni moins que l’irréfutable témoignage d’une alliance longtemps entretenue entre les principaux gardiens de l’identité culturelle malienne et tous ces impénitents criminels de l’économie nationale. Si depuis des décennies, le griotisme au Mali tend à s’embourgeoiser et se constituer comme une classe sociale, c’est essentiellement grâce à l’œuvre d’une élite dirigeante corrompue suçant constamment le sang des maliens et dont les griots ont toujours été au service.
223infos.net avec La Sirène