CEREALES : L’OPAM et sa réforme inachevée
16 novembre 2022Le ministre en charge de la Sécurité alimentaire doit tout mettre en œuvre pour rapidement réviser les textes concernant l’OPAM. Alors que l’Etat a acheté des centaines de milliers de produits céréaliers en Russie dont le blé, les autorités traînent les pieds pour adapter l’OPAM à cette nouvelle donne économique. Les textes interdisent à l’Etat de se mêler à la commercialisation des produits céréaliers.
Or, la flambée des prix montre que le gouvernement doit intervenir afin d’aider la population. Les milliers de tonnes de blé achetés seront stockés dans les magazines de l’OPAM, mais la vocation de ce service n’a pas été changée.
L’Etat ne peut plus laisser les seuls privés faire la loi en matière de ravitaillement des villes en produits céréaliers. Les bailleurs de fonds ont imposé cette politique qui a privé l’OPAM de tout pouvoir. Le gouvernement qui vient d’acheter des milliers de tonnes de blé a fait un pas vers la fin de cette politique ultralibérale. En effet, la transition a déjà commencé à changer les textes. C’est ainsi qu’un texte récent a modifié les règles de fonctionnement de l’Office national des produits pétroliers(ONAP) qui est maintenant devenu l’Office malien des produits pétroliers. C’est dire que dorénavant, l’Etat intervient dans l’importation des produits pétroliers à travers le nouveau service qui devient un établissement public à caractère économique.
C’est l’Etat malien qui va acheter donc les produits pétroliers en Russie et ailleurs en lieu et place des hommes d’affaires. Avant, le rôle de l’Etat était beaucoup réduit en matière d’approvisionnement du pays en produits pétroliers qui était une tâche dévolue aux privés.
Les hommes d’affaires n’arrivent pas à se défaire des interdictions et sanctions commerciales contre la Russie. Or, ce pays dispose d’importantes ressources qui peuvent être vendues au Mali à des prix exceptionnels. Ainsi, le ministre de l’Economie et des Finances, Alousseni Sanou a effectué un voyage en Russie en fin du mois d’octobre passé. Il a procédé ainsi à l’achat d’importants produits russes qui sont déjà en route pour Bamako via le port de Conakry.
Il y a 600 000 tonnes de produits pétroliers parmi les achats effectués par les autorités maliennes. Il y a aussi des centaines de milliers de tonnes de farine de blé, ce produit étant l’une des denrées de première nécessité qui sont les plus chères au Mali. Le blé sera mis à la disposition des consommateurs à travers les magasins de l’Office malien des produits alimentaires. Les responsables de l’OPAM ont été associés au processus d’achat du blé russe, mais le service public est au cœur d’une réforme inachevée.
La transition doit donner le pouvoir à l’OPAM d’acheter les céréales produites au Mali, surtout pendant les périodes de récolte. On pourrait donc s’attendre à une modification des circuits de vente des céréales qui étaient jusqu’ici importées par des opérateurs économiques en lieu et place de l’Etat, ce qui a conduit à une faiblesse des structures de l’Etat. L’Etat a déjà changé les textes pour permettre désormais à la CMDT de vendre de l’engrain aux paysans. La même chose est attendue pour l’OPAM.
223infos.net avec La Sirène