Edito : Réalité et superflu
7 novembre 2021John Jerry Rawlings, pardon je voulais dire Colonel Assimi Goïta (pardonnez mon lapsus car je vois toujours notre Assimi comme ce président qui est arrivé à remettre le Ghana sur les rails). Tel est mon souhait le plus ardent, mais de jour en jour le doute s’installe en moi et la semaine passée, j’ai la certitude : il ne le pourra pas.
Grande a été en effet notre surprise de voir le président procéder à la distribution de médailles, ces distinctions honorifiques offertes pour services rendus à la nation. Le hic est qu’on se demande sur quelle base ces médailles sont distribuées ?
Y a-t-il une commission pour statuer sur la moralité des conditions d’attribution ? Assurément non ! Et pour cause : beaucoup de ceux qui ont reçu la distinction honorifique n’ont pour la plupart rien fait pour la mériter.
Nous ne citerons pas de noms pour ne pas être vus comme un « hassidi » ou un « ba-niengo » (mauvaise langue ou envieux), mais voyez-vous, Monsieur le président, comment des ministres qui n’ont apporté aucun changement dans leur département ou un impact positif en faveur de la population peuvent se bomber le torse en réceptionnant la distinction ?
Monsieur le président, vous avez assez de problèmes à résoudre que de vous accrocher à des décorations tous azimuts. Les partenaires techniques et financiers (PTF) attendent le chronogramme des élections. Les enseignants, sur le pied de grève, attendent l’ouverture des classes pour replonger l’école dans la crise. Les diplômés sans-emplois attendent les concours de recrutement dans la fonction publique. Les agents de santé exigent la satisfaction de leurs doléances pour ne pas reprendre la rue.
Les bouchers veulent le reste de l’argent de la subvention pour ne pas augmenter le prix de la viande. Les ruraux ont la peur au ventre car chaque jour des greniers sont brûlés. Les installations téléphoniques sont saccagées dans la presque totalité des cercles de Tombouctou. La liste n’est pas exhaustive. Mais les paramètres du défi sont très nombreux.
Comprenez aujourd’hui Monsieur le président que l’urgence de sécuriser les Maliens passe par une forte implication afin qu’ils puissent manger à leur faim. D’ailleurs, à quoi ça sert de recevoir une médaille aujourd’hui et se retrouver en taule le lendemain.
Vous avez dit un paradoxe ? j’allais oublier, j’aime votre cortège très allégé…
Abdourahmane Doucouré