IRONIE DU SORT : La Guinée au secours du Mali en fourniture d’électricité
29 avril 2019C’est le tour des Guinéens de se moquer du Mali à cause de l’incapacité d’EDM SA à fournir du courant à tous les quartiers de Bamako. Et c’est le président Alpha Condé, le chef de l’Etat guinéen, qui a donné le ton en promettant de donner bientôt du courant aux Maliens grâce à l’imposant barrage hydro-électrique de Fomi dont la mise en service est attendue avec impatience par les autorités maliennes. Mais le revers de la médaille n’est pas joli, avec un désastre écologique et humain en perspective.
Qui n’a pas déjà entendu au Mali le sarcasme habituel de ceux qui ont pris plaisir à se moquer de l’incapacité de l’Etat guinéen à fournir du courant régulièrement à la ville de Conakry? Cette moquerie légendaire des Maliens avait visiblement choqué le président Alpha Condé, l’opposant exilé qui a tourné un peu partout.
Devenu président de la République de Guinée, Alpha Condé s’apprête à voler au secours du Mali. Il vient de rappeler que lorsqu’il était à Bamako, le courant était coupé une fois; les gens ont fait du bruit en disant que Bamako n’est pas Conakry. Mais aujourd’hui, la capitale malienne est pire que Conakry à cause des coupures intempestives de courant.
L’apport de la Guinée à la fourniture de l’électricité au Mali tient à cœur au président Alpha Condé qui a pris l’initiative de donner un coup de pousse à la construction du barrage de Fomi. Situé sur le fleuve Niger en Guinée, ce barrage représente pourtant un souci pour le Mali avec la réduction du débit d’eau dans le delta intérieur du Niger entre les régions de Ségou et Mopti, une zone agro-écologique classée site Ramsar à cause de son importance pour la survie des espèces animales d’eau douce.
Mieux, cette zone inondable du Mali abrite des millions de personnes dont la survie dépend de l’inondation. Mais Fomi privera le delta intérieur d’une partie de ses eaux. Donc le barrage qui est censé apporter de l’électricité à Bamako doit inquiéter plus. La zone est l’une des parties du territoire malien où l’Etat a perdu du terrain à cause du terrorisme et des conflits intercommunautaires qui pourraient s’aggraver si Fomi entrait en activité.
Eleveurs, pêcheurs et agriculteurs se livreront à une compétition accrue autour des ressources en eaux qui s’amenuisent. La possibilité que les terroristes exploitent davantage cette faille est grande. Les mécanismes traditionnels de gestions des conflits locaux ayant déjà montré leurs limites ne serviront à rien si la réduction du niveau des eaux devrait s’ajouter aux conséquences du changement climatique éprouvant déjà les populations.
La question est de savoir si les Maliens devraient pleurer ou applaudir la bonne idée du président Alpha Condé. L’ironie de l’histoire est que le barrage de Taoussa, conçu par l’Agence du bassin du fleuve Niger comme une compensation de Fomi, ne finit pas d’être construit. Bamako qui n’est pas Conakry n’arrive pas à créer les conditions d’une entente nationale qui serait favorable à la finition du barrage de Taoussa
Dougoufana Kéita
Source La sirène