La culture cotonnière est la principale richesse du Mali. L’ensemble du secteur fait vivre quatre millions de personnes, soit un quart de la population. La dernière récolte est à peine achevée qu’une confédération de producteurs s’est fixé l’objectif, encore plus ambitieux, d’un million de tonnes pour 2019-2020. Soit une nouvelle hausse de la production de 30%. Un objectif lancé le 11 avril 2019 en présence de l’ancien Premier ministre Soumeylou Boubèye Maïga, remplacé depuis par l’ancien ministre de l’Economie Boubou Cissé.
L’or blanc du Mali
Le soutien des autorités à cette activité stratégique ne s’est jamais démenti, en particulier via la Compagnie malienne pour le développement des textiles (CMDT), qui achète aux producteurs leur coton après la récolte. Qui cultive du coton bénéficie d’un engrais subventionné et d’un accès facilité au crédit, souligne Daouda Camara. Celui-ci exploite d’autres céréales, comme le maïs.
“Sur un hectare, nous investissons plus de 100 000 FCFA (environ 150 euros). Après la récolte, on peut rembourser la somme investie et avoir un bénéfice de 150 000 FCFA (environ 225 euros). Mais il faut que ça soit du coton de bonne qualité”, explique Daouda Camara.
Tout est bon dans le coton
Si la fibre de coton est l’or blanc du Mali, les graines (de coton) sont également transformées en une huile rouge qui sert à l’alimentation. La graine, séparée de la fibre, est concassée et pressée. “Maintenant, il y a des huileries qui transforment des graines de coton en huile, mais elles ne sont pas nombreuses“, indique Bakary Togola, président de l’Assemblée permanente des chambres d’agriculture du Mali, interrogé par l’AFP.
Autre usage des graines : le tourteau (de coton) pour l’alimentation du bétail.
Industrie textile : le grand échec
Pour autant, les entreprises qui transforment la fibre en produits finis sont rares, malgré le potentiel économique élevé de cette activité. Les dirigeants politiques et économiques se désolent publiquement que le Mali, comme les autres producteurs africains, n’en transforme qu’une fraction dérisoire, exportant son coton brut, alors que la transformation de la matière crée de la valeur et génère des revenus bien plus conséquents.
Lors de la 3e Conférence internationale sur l’émergence de l’Afrique en janvier près de Dakar, le président Ibrahim Boubacar Keïta exprimait sa frustation.
L’Association cotonnière africaine compte sur le président IBK pour défendre auprès de ses pairs l’idée d’un soutien accru des Etats afin d’augmenter “la transformation du coton fibre en textile” sur le continent. Mais toutes les tentatives passées ont échoué.
Marché inondé d’importations
Les obstacles ne manquent pas au Mali pour les investisseurs qui souhaiteraient se lancer dans la transformation du coton, selon les experts du secteur : manque d’usines textiles, énergie très chère, formation insuffisante de la main-d’œuvre, marché local trop réduit, cours du coton erratiques, entreprises publiques mal gérées ou gangrénées par la corruption… Et les graves difficultés financières que traverse la Compagnie malienne des textiles (privatisée en 2008 et détenue aujourd’hui à 80% par un groupe chinois et à 20% par l’Etat malien) ont de quoi décourager les plus intrépides.
Son usine, installée à Ségou (au centre du pays), est la seule à transformer le coton de bout en bout, indique à l’AFP Issa Sangaré, le directeur général adjoint : “Nous transformons le coton de la CMDT en fil, en tissu écru, en fil à tisser et tissu imprimé.” Mais l’entreprise se débat face à la concurrence de “produits textiles d’importation moins chers (qui) inondent” le marché, explique M. Sangaré.
A l’échelle encore artisanale, une petite partie de la production du coton malien tente de s’orienter vers la filière bio pour bénéficier d’un prix plus attractif. Lors de la visite du Premier ministre français Edouard Philippe en février 2019, le géant de la distribution Carrefour s’est engagé à acheter 3000 tonnes de coton malien bio sur trois ans pour aider à “la création et au développement d’une filière de production biologique malienne”.
franctv