NOUVEAU GOUVERNEMENT : L’erreur fatale à éviter !
30 avril 2019Cela fait plus d’une dizaine de jours que le Mali se retrouve sans Gouvernement après qu’une foule amèrement révoltée ait réussi à démettre l’ex-PM, Souméilou Boubeye Maïga et l’ensemble de son Cabinet que la rue a chassé pour « incompétence » et « irresponsabilité ». A cet effet, la logique voudrait qu’aucun des acteurs de l’exécutif précédent dont les résultats politiques et administratifs ont été jugés dérisoires, voire, catastrophiques, ne devraient guère réapparaitre au sein du nouvel exécutif, fut-il un allié de poids, du Président Kéita. Ce serait la suicidaire erreur à ne point commettre !
Le Gouvernement SBM, à n’en point douter, restera gravé dans les archives comme étant l’un des plus décriés de toute l’histoire de la démocratie malienne. Car, la contestation populaire du 05 avril 2019 qui a été à l’origine de son départ, était vue comme le socle de toutes les mauvaises prévisions, notamment, subversives, si, en tout cas, l’objet de la contestation n’avait pas été aussitôt pris en compte par le Chef Suprême de l’Etat.
Pourtant, au début, lorsque le Gouvernement SBM s’est constitué en septembre 2018 au lendemain de la réélection d’IBK, il a été placé sous le signe de la « renaissance » et du « combat » en cela qu’il s’eût voulu pour mission fondamentale de s’attaquer à bras-le-corps et de fond en comble, aux urgences économiques, sociales, politiques et sécuritaires qui accablent l’Etat.
Mais après quasiment 8 mois d’exercice gouvernemental, aucune de ces urgences, n’a pu être résolue. Pis, les problèmes se sont posés avec une plus forte pesanteur au point de mettre à nu l’incapacité systématique du Cabinet SBM, voire, le régime dans son ensemble. La grogne syndicale s’est, plus-que-jamais, accentuée, la cherté de la vie s’est incroyablement amplifiée, l’insécurité a atteint son summum et le paysage politique s’est terriblement dégradé. Aucun mauvais procès ne saurait donc objectivement viser la conscience populaire malienne dont la légitime expression, à travers les grondements du 05 avril, ne pouvait finalement qu’avoir raison du Gouvernement SBM.
Au sortir de cette réflexion, il urge que le nouvel exécutif se constitue sur la base d’une lumineuse démarche et d’une mûre concertation avec l’ensemble des forces frondeuses, celles-là même qui se disent décidées à dorénavant prendre le destin de la nation en main en jouant pleinement leur rôle de sentinelle en ne faisant plus aucune concession à la démagogie. Il s’agit notamment des forces religieuses dont les leaders sont devenus de nouvelles légitimités sociales en lieu et place de l’élite politique qu’ils accusent d’échec dans leur mission de gouvernance publique.
Si, l’amateurisme, le pilotage à vue, l’immixtion de la famille présidentielle dans la gestion des affaires publiques, le clanisme politique du parti présidentiel, la course aux prébendes, les privilèges délictueux et autres dérives de gouvernance, ont, jusque-là, caractérisé le régime IBK, il reste certain que les circonstances de haute tension qui s’offrent actuellement à lui, l’obligent à n’avoir droit à aucune erreur de nomination risquant de lui être fatale.
Car, si les mêmes erreurs du passé, venaient à refaire surface à travers le choix des personnes dans le nouveau gouvernement aussi bien que les actions qu’elles poseront, toute nouvelle insurrection de la rue, n’aurait plus que pour ultime cible, le départ pur et simple du Président IBK lui-même.
Modibo Kane DIALLO
Source: La Sirène