SCANDALE DES IMMEUBLES D’ÉTAT : Justice en marche ou impunité à perpétuité ?
27 juillet 2024L’ouverture du procès pour crimes économiques était suivie de près par de nombreux Maliens. Cependant, beaucoup sont restés sur leur faim concernant le bradage des immeubles de l’État. Les citoyens auraient souhaité que les responsables et complices de ce détournement de biens publics soient traduits en justice. Certains bénéficiaires du bradage ont déjà pris la fuite, anticipant les poursuites judiciaires.
Il ne reste désormais aux juges qu’à procéder aux arrestations des individus n’ayant pas pu s’échapper. En avril 2021, le Pôle économique et financier de la commune III du district de Bamako avait initié une enquête pour faire toute la lumière sur la légalité et les conditions entourant ces transactions. Le procureur à l’époque, aujourd’hui ministre de la Justice, est connu pour son engagement sur ces dossiers importants.
De plus, le gouvernement de transition a mandaté l’Inspection des Domaines et des Affaires foncières pour mener des investigations. Celles-ci ont révélé des irrégularités, notamment le non-versement à l’État de sommes substantielles issues de la vente de ces bâtiments. Le Conseil des ministres du 6 avril 2022 a ensuite instruit le ministre de l’Urbanisme, de l’Habitat, des Domaines, de l’Aménagement du Territoire et de la Population d’engager des poursuites contre les personnes impliquées.
Par ailleurs, lors de la présentation de vœux aux forces vives de la nation, le président Assimi a expressément chargé le ministre Kassogué de la Justice de relancer ce dossier crucial. En 2013, l’Agence de Cessions Immobilières (ACI-SA), mandatée par l’État du Mali, a cédé 22 bâtiments administratifs, parmi lesquels 17 ont été transférés de manière opaque. Des experts confirment que les prix de vente ont été artificiellement réduits à un cinquième de leur valeur réelle, en échange de versements importants à des membres de la commission.
Nombreux sont les fonctionnaires ayant siégé dans ces commissions de cession et qui sont depuis devenus extrêmement riches. On cite notamment Cheick Sidi Yaya Sissoko, alias Kalifa, ancien Directeur général de l’ACI devenu ministre de l’Urbanisme et de l’Habitat sous le gouvernement IBK. Ce dernier pointe vers une possible promotion visant à couvrir des irrégularités. Les accusations sont également dirigées contre Kalilou Sissoko, ancien Directeur Commercial de l’ACI, Mama Djénépo, Secrétaire général du ministère des Domaines de l’État et des Affaires foncières à l’époque des faits, Sadibou Diabaté, ancien DG du Patrimoine bâti de l’État, ainsi que madame Sy Awa Diallo, ancienne Directrice nationale des Domaines et du Cadastre. Parmi les grands opérateurs impliqués, certains ne se trouvent plus au Mali.
La question qui préoccupe désormais les esprits est de savoir si le ministre Kassogué, réputé pour sa rigueur, parviendra à faire toute la lumière sur cette affaire qui dure depuis si longtemps.
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