Centre du Mali : La gestion faite de la crise par l’Etat inquiète la communauté dogon
18 août 2019‘‘Le pays dogon est obligé de se défendre ou de cesser d’exister’’, a-t-on dit dimanche, 18 Août, à Bamako lors d’un meeting organisé par le mouvement ‘‘Baguiné Sô’’ et qui a rassemblé les représentants d’un grand nombre d’organisations de la communauté dogon.
‘‘Nous ne comprenons pas la cabale de certains militaires contre nos groupes d’autodéfense. Ils leur retirent les armes pendant qu’ils montent la garde afin que les autres puissent cultiver’’. Déclaration du mouvement ‘‘Baguiné Sô’’ sous cette tribune. Selon Amidou Djimdé, président dudit mouvement, c’est cette attitude de l’Etat qui a occasionné les événements récents à Dioundourou.
Dioundourou, village situé à 15 Km de la ville de Bandiagara a été entièrement incendié dans la nuit du 11 au 12 Août. Du bétail et deux personnes enlevés et les assaillants jusque-là non encore identifiés, Selon Amidou Djimdé si ces événements ont pu avoir lieu c’est parce que la veille ont été désarmés ceux-là (les chasseurs ) en charge de la sécurisation de ce village d’environ 3.000 habitants parti en fumée pendant 18 heures alors que l’armée postée à 15 Km (à Bandiagara) n’est pas intervenue.
Selon Amadou Guindo, représentant de l’Association Djina Dogon à ce meeting, ce sont les mêmes circonstances qui ont occasionné les événements du 16 Août dernier à Anakila (Cercle de Koro) où 4 personnes ont été tuées et du bétail emporté. Il pense que le pays dogon est désormais obligé de ‘‘se défendre ou de cesser d’exister’’.
Bénogo Ouologuem de l’association pour le développement du cercle de Bandiagara avance que le premier responsable du cycle de la violence au centre du pays est le président de la République en personne : ‘‘IBK a fait une grosse erreur en indexant Dan An Amassagou d’être l’auteur du massacre d’Ogossagou (23 mars 2019)’’. Selon lui, cette accusation a ouvert la voie à de nouvelles représailles entre les communautés.
Georges Togo, ancien gouverneur et toujours lors du meeting, ne partage pas ces avis : ‘‘Mettons de l’eau dans nos vins, on n’aboutira à rien dans cette violence, il est temps qu’on agisse en responsable’’, a-t-il dit s’excusant pour la portée de ses mots et rappelant surtout qu’il n’est plus temps de savoir qui a raison ou qui a tort, mais, dit-il, de trouver rapidement une solution à la crise.
‘‘L’investissement pour la paix se fait à deux’’, rétorque Adama Djongo, un autre leader d’association présent à la rencontre. Sous cette tribune, il a interpellé l’Etat du Mali à traiter au même pied d’égalité toutes les parties pour une résolution définitive de la crise.
Même message de la part de Drissa Kanambaye qui se réclame de la diaspora. Selon lui on assiste à l’exonération de la situation sécuritaire au centre par le fait que la population est désarmée et laissée pour elle-même.
Dans sa déclaration rendue publique, le mouvement Baguiné Sô appelle l’Etat du Mali à désarmer tous les détenteurs illégaux d’armes, sécuriser les civils et ‘‘envisager de créer un programme de dédommagement pour les victimes civiles de la crise communautaire.’’