MARIAGE A BAMAKO : Une grosse illusion pour les filles !

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Visiblement, le sens du mariage n’a encore point été compris par d’innombrables filles. Celles-ci prétendent aspirer à se marier mais, en vérité, ne visent que le côté ‘luxueux’ de l’union. Pour elles, le mariage est vraisemblablement perçu comme le lieu de toutes les aisances où la femme devra toujours être considérée comme une ‘reine’ dont les désirs ou émotions devront être nécessairement respectées par celui avec qui elle partage sa vie de couple. Et c’est là, l’immense désenchantement ! Car, loin d’un ‘luxe’, le mariage est un éternel sacrifice.

Au Mali, de nos jours et notamment à Bamako, elles sont des milliers de filles à vouloir se marier. Mais, très peu d’entre elles sont prêtes à réellement s’engager dans une union digne de ce nom, avec toutes les implications morales que cela leur exige. Pour les unes, il faut prestement chercher à se marier, car, les autres sœurs et copines se sont quasiment toutes mariées, même si l’on n’en est pas suffisamment prête. Pour les autres, le célibat étant devenu une insupportable monotonie avec son cortège de préjugés sociaux défavorables, il faut, coûte que coûte, chercher à se marier peu importe les moyens employés pour y parvenir.

Dans chacun des deux cas, la jeune fille et, en même temps, future épouse, n’a manifestement aucune idée de ce qui peut réellement constituer l’essence même du mariage, à savoir, les sacrifices consentis, les moments de tensions dans le couple, en un mot, tous les efforts nécessairement déployés par la femme pour vaille que vaille réussir à préserver la stabilité du foyer. Seules, très peu parmi ces filles qui affluent précipitamment vers le mariage, savent, en réalité, ce qui les attend dans le foyer conjugal.

« Après deux ans de relation avec ma copine, elle ne faisait plus que me harceler pour que je l’épouse, et ce, au point qu’il lui arrivait des fois à bouder mes appels. L’année suivante, lorsque je me suis enfin décidé à lui mettre la bague au doigt devant l’hôtel, ma copine s’est carrément métamorphosée après notre mariage. Elle devint méconnaissable dans le foyer. Je me demandais finalement si c’était avec la même personne que j’avais eu deux ans de relations amoureuses avant de l’épouser», a raconté, Ousmane Dabitao, un jeune époux qui menaçait de divorcer d’avec sa femme après seulement 7 mois d’union.

Poursuivant, il dit : « Elle a systématiquement cessé de m’obéir et se prend désormais pour autre chose. C’est à peine si elle accepte de faire le ménage et se permet même de sortir comme elle veut pour se rendre à son domicile familial, arguant qu’elle se sent trop seule sous notre toit commun. Comment pouvais-je penser que mes énormes efforts de mariage, seraient récompensés de cette manière ? ».

En effet, la capacité de gestion des rapports matrimoniaux par chaque fille, dépend fondamentalement de la manière dont elle conçoit le mariage et, de nos jours, la mauvaise compréhension de l’authentique signification du mariage, est, à n’en point douter, à l’origne de nombreux cas de divorce. Cela s’explique essentiellement par le fait que les efforts éducatifs nécessaires qui doivent s’articuler autour de l’union sacrée du mariage, particulièrement à l’intention des filles, ne sont pas suffisamment consentis par les parents de ces dernières. Les jeunes filles sont données en mariage sans qu’elles ne soient dotées d’aune préparation psychologique, morale et intellectuelle de ce qui devra dorénavant être leur devoir dans le cadre de la construction progressive du bien-être matrimonial.

Il faut aussi noter que certaines filles sont habilement appâtées par certains hommes qui utilisent de multiples artifices pour les avoir comme épouses. Mais qu’à cela ne tienne, tout ceci met à nu leur ignorance de ce qui explique le caractère sacré du mariage. « C’est lorsque mon homme m’a promis de vivre seule avec lui dans une villa, avec un véhicule à ma disposition, que j’ai finalement accepté sa demande de mariage. Cela, après plusieurs mois d’insistance. Il m’a fait visiter une villa qui, en réalité, ne lui appartenait pas et m’a présenté un véhicule flambant neuf qu’il m’offrirait, une fois, le mariage célébré. Tout est allé tellement vite que je ne m’en suis doutée de rien », a raconté, Nana Simpara, une jeune dame qui dit être ‘trahie’ par son époux qu’elle accuse d’avoir ‘abusé’ d’elle.

« Au lendemain des noces, nous habitâmes dans un petit appartement de trois pièces et jusqu’à six mois de vie commune, je ne voyais, ni la villa dans laquelle nous devrions habiter, ni la voiture qu’il avait promis de m’offrir. Et lorsque je les lui réclamais, il utilisait chaque fois des versions différentes pour se justifier. C’est en ce moment que j’ai compris que mon mari m’avait mentie. J’ai alors décidé de le quitter malgré ses supplications et demandes d’excuses», a-t-elle ajouté.

Qu’est-ce qui s’est réellement donc passé dans notre société pour que le mariage ne soit réduit qu’à de simples considérations matérielles ? Quel type d’éducation devrions-nous donner aux jeunes filles pour qu’elles parviennent à mesurer toute la portée spirituelle et morale du mariage et s’employer à bâtir un couple stable et épanoui une fois au foyer ? Si, comme le stipule notre civilisation ancestrale, le mariage constitue la seule institution sociale qui confère à la femme la plus sublime des vertus, pourquoi ne pas nous atteler à construire en nos jeunes filles, les vraies ressources leur permettant de mieux intégrer les valeurs cardinales du mariage au profit de leur propre grandeur morale ?

A Bamako, la capitale malienne, l’écrasante majorité des filles, loin de viser l’essence du mariage, en visent plutôt la forme, le caractère festif et superficiel de l’union et non, son vrai sens. C’est pourquoi, nombreuses d’entre elles sont amèrement désillusionnées, une fois, mariées. Leur incapacité à s’assumer en tant que femme au foyer, leur inaptitude à se défaire de leurs caprices de célibat et se mettre véritablement dans la peau d’une épouse responsable, finissent généralement par faire voler leur mariage en éclats. Que chaque fille le comprenne une fois pour de vrai : le mariage n’est pas un luxe mais plutôt un sacrifice auquel chacun des deux conjoints s’engage à vie.

Modibo Kane DIALLO