URBANISME : L’UCEMA meurt, le ministre regarde ailleurs

URBANISME : L’UCEMA meurt, le ministre regarde ailleurs

28 septembre 2025 0 By 223 Infos

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L’Usine Céramique du Mali (UCEMA), fleuron industriel initié sous la présidence de Modibo Keïta, est aujourd’hui à l’abandon. Triste sort pour une structure qui devait jouer un rôle clé dans les politiques urbaines du pays. Ce désintérêt de la part du ministère de l’Urbanisme interpelle, d’autant plus que la réhabilitation des usines historiques reste une priorité affichée du chef de l’État, le colonel Assimi Goïta.

Il est impératif que ce dernier n’ignore plus cette situation. L’UCEMA, au-delà de sa dimension industrielle, est un symbole de souveraineté économique et de résilience locale. Le laisser dépérir, c’est trahir une promesse faite à l’histoire et aux Maliens.

Le plus grave, c’est que les textes en vigueur dans le secteur de l’urbanisme exigent que les briques rouges produites par l’UCEMA soient intégrées aux projets publics de construction. Pourtant, ces briques, réputées solides, durables et économiques, ont été systématiquement écartées au profit du béton, souvent plus coûteux et moins écologique. Pourquoi ? Parce que l’argent, les intérêts privés et les habitudes importées ont pris le dessus sur la loi, la logique et la justice.

Résultat : les grands chantiers de l’État, y compris la construction d’écoles, de centres de santé ou de logements sociaux, se font sans les matériaux locaux. Une aberration, dans un contexte de crise économique et de quête d’autonomie nationale.

Il est donc temps que le président de la Transition prenne des mesures fermes. L’utilisation de matériaux locaux comme ceux produits par l’UCEMA devrait être une exigence incontournable dans les appels d’offres publics. C’est à ce prix que nous construirons un Mali souverain, juste et durable.

Mais pour que cela change, le ministre de l’Urbanisme doit cesser de détourner le regard. Son silence et son inaction sont préoccupants. Un ministre engagé ne peut se contenter d’organiser des salons ou d’animer des panels, aussi prestigieux soient-ils.

Pour l’heure, le ministre mise tout sur l’organisation de la 8e édition du Salon de l’Habitat de Bamako (SAHABA 2025), prévue du 9 au 11 octobre 2025, autour du thème : « Résilience face aux crises urbaines ». Une thématique d’actualité, certes, qui vise à valoriser les politiques urbaines durables et inclusives, tout en impliquant les acteurs sociaux et les partenaires techniques.

Le programme prévoit des conférences de haut niveau, des expositions réunissant architectes, promoteurs immobiliers, institutions financières, startups et fournisseurs de matériaux. Des rencontres d’affaires sont également prévues, tout comme des espaces d’échange avec le grand public sur les bonnes pratiques en matière d’urbanisme.

L’événement se veut également un moment de fraternité, d’intégration et de valorisation culturelle entre les États du Sahel.

Mais au-delà de ce grand rendez-vous, il faudra des actes concrets. Le Mali traverse une crise foncière sans précédent. L’habitat souffre d’un manque de vision cohérente et d’un vide d’autorité dans l’application des normes. Il est donc urgent que le ministre de l’Urbanisme s’investisse davantage, dans l’intérêt du pays. C’est en cela que l’on jugera de sa volonté réelle de servir la justice, la paix, la quiétude sociale, et la souveraineté économique du Mali.

La réhabilitation de l’UCEMA ne peut plus attendre.

223infos.net avec La Sirène